Eau de vie de canne autrefois appelée 'taffia' par les esclaves noirs, 'rum' par les Anglais, 'guildive' par les Français, les origines du rhum se confondent avec les débuts de la colonisation de l'Amérique du Sud.

On sait que la canne à sucre est introduite aux Antilles françaises en 1638 seulement.

L'histoire de la fabrication du rhum aux Antilles françaises nous est bien connue au travers des récits de voyage du Père Tertre et du Père Labat.

Celui-ci écrit :

'L eau de vie que l'on fait aux îles avec les écumes et les sirops de sucre n'est pas une boisson la moins en usage.

Les sauvages, les nègres, les petits habitants et les gens de métiers n'en cherchent point d'autres ( ...) il leur importe peu quelle soit rude et désagréable.'

Dès l'origine une réglementation naît en France pour protéger la production nationale de spiritueux.

Un édit royal du 24 Janvier 1713 interdit la production et la circulation des eaux de vie de sirops et de mélasses.

Cet édit n'arrête pas la fabrication aux Antilles françaises mais en interdit l'entrée en France.

Le rhum est une eau de vie, c'est à dire un mélange d'alcool et d'eau contenant une certaine proportion de substances aromatiques qui lui confèrent son goût et son parfum caractéristiques.

On distingue trois grandes catégories de rhum :

- le rhum mélasse (rhum industriel) :

produit par les sucreries, son goût très développé en fait le rhum par excellence pour le grog, patisserie, confiserie, cuisine.

On dit qu'il se mange plus qu'il ne se boit.

- le rhum de sirop au lieu d'être produit à partir de la mélasse , est fabriqué a partir du jus de canne concentré (sirop). Il se distingue du rhum industriel par une plus grande finesse et un certain fruité. Il se rapproche du rhum agricole.

- le rhum agricole : est tiré du jus de canne frais. il est très différent du rhum de mélasse et s'en distingue par son arôme léger frais et délicatement fruité.
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Un peu d'histoire
SAINTE MARIE- 1890

Nous sommes à la fin du XIX ème siècle, en pleine crise sucrière, et rien ne va plus…
Le Marquis de Sainte-Marie pense avoir trouvé la solution pour essayer de s’en sortir, il s’adonne aux jeux.
Comme vous le savez, rares sont les personnes qui se sont enrichies de cette manière, et, évidemment, notre cher Marquis est bientôt obligé de vendre ce qui deviendra le DOMAINE DU MARQUISAT DE SAINTE-MARIE.
Le notaire en charge de réaliser la vente rencontre alors Henri LONGUETEAU et il lui en parle.
'C’est mon rêve de posséder un si beau domaine !' répond-il .
Malheureusement, Henri LONGUETEAU qui est employé à l’usine Sainte-Marthe, n’en a pas les moyens ; mais le notaire rajoute 'pa ni pwoblèm !' (expression créole devenue très courante depuis…)

'Je te confie la propriété, et dès que tu peux , tu me payes ; dans le cas contraire je la reprendrais.'

Il a dû payer, car plus de cent ans après, la famille LONGUETEAU en est toujours l’unique propriétaire.

Dès 1895 il transforme l’ancienne sucrote pour faire ce qu’on a appelé à l’époque le ‘rhum z’habitant’. La distillerie LONGUETEAU est la plus ancienne de la Guadeloupe encore en activité.

Les générations ont passé, chacune a apporté son savoir-faire pour toujours améliorer l’outil de production, mais surtout, pour toujours être à la recherche d’une possible amélioration dans la qualité du rhum.

LE RHUM AGRICOLE , sa fabrication
Le rhum agricole est fait directement à partir du jus de canne à sucre ou vesou, contrairement au rhum industriel ou traditionnel qui est fait à partir de la Mélasse (résidu après extraction du sucre).

1) Le Broyage

Il s'agit d'extraire la quasi totalité du jus contenu dans la canne. On utilise pour cela entre deux et quatre moulins équipés de trois rolls chacun.

La canne passe entre les rolls, de moulin en moulin, jusqu'à extraction totale du jus.

2) La Fermentation

La fermentation, c'est la transformation du sucre contenu dans le jus, en alcool.

A la sortie du moulin, le jus sera stocké dans de grandes cuves entre 18 et 48 heures. Plusieurs systèmes sont pratiqués, le plus courant c'est le 'pied de cuve' ou fond de cuve, sinon il existe aussi le 'levurage' et le système de 'cuve mère'.

3) La Distillation

La distillation, c'est l'extraction de l'alcool contenu dans le jus fermenté. Pour cela trois appareils sont utilisés, ils fonctionnent à 'jet continu' par injection de vapeur.

- Le chauffe vin qui comme son nom l'indique va chauffer la grappe ou le jus de canne fermenté.

- L'appareil ou colonne à distiller remplace les fameux alambics de métropole. Il est composé de plusieurs tronçons superposés et peut atteindre jusqu'a dix mètres de haut. La grappe chaude rentre dans la partie supérieure de l'appareil et descend d'étage en étage à la rencontre de la vapeur qui est injectée par le bas.

Plus la vapeur monte plus elle sera chargée en alcool. Les vapeurs alcooliques retournent dans le chauffe vin où elles seront condensées pour se transformer en rhum chaud.

- Le réfrigérant sert à refroidir le rhum chaud. A sa sortie le rhum est à température ambiante, il titre entre 75 et 80%.

4) Le Stockage

Dans le rhum agricole, il en existe à nouveau trois sortes, le blanc, le doré ou paille et le vieux.

- le rhum blanc, dans un souci de qualité, sera conservé pendant quelques mois encore dans de gros foudres, soit en bois de chêne, soit en inox, afin de le rendre plus 'velouté'. Il est vendu à plusieurs degrés, 50 et 55 le plus souvent, 59 à Marie Galante et 62 à la distillerie LONGUETEAU.

- le rhum doré (ou paille) sera stocké entre 12 et 18 mois en fût de chêne, on l'utilise pour faire le planteur, les cocktails, les bananes flambées ... ou tout simplement le ti-punch.

- le vieux rhum a droit à cette appellation à partir de trois ans en fût de chêne, on l'utilise plutôt en digestif, mais ceux qui aiment changer l'apprécieront une fois en ti-punch.
Pendant son séjour en fût, le rhum absorbe le tanin du chêne qui le brunit et lui communique un arôme particulier.

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